Au crépuscule, les membres du public sont invités à poser leur chaise pliante face à une immense grange faisant office à la fois de scène et de cage de résonance d’où émerge la musique. Nous incarnons sept personnages à deux. Nous chantons en direct et à voix nues chacune de leurs chansons tour à tour sur une petite scène en bois construite pour l’occasion et accrochée en hauteur à la porte de la grange. À droite de la scène et reproduisant la forme de la porte réelle, la lumière d’un projecteur vidéo donne à voir une vision subjective et préenregistrée des personnages lorsqu’iels interprètent les chansons. C’est comme si on voyait ce qu’iels visualisent devant eux (on y voit par exemple les autres personnages qu’iels rencontrent et à qui iels s’adressent durant la scène). Ce film est projeté en direct pour donner à voir le quatrième mur normalement invisible au théâtre. Lorsque le point de vue de la vidéo se tourne vers la gauche, l’interprète sur scène regarde simultanément à gauche, comme si ce qu’iels visualise en jouant était diffusé en direct à ses côtés. Et lorsqu’un personnage tend la main pour toucher quelque chose dans la vidéo, l’interprète sur scène tend aussi la main. Ces images sont synchronisées avec la bande son préenregistrée sur laquelle nous chantons en direct et sans micro. En nous devançant toujours un peu, cette projection préenregistrée agit comme une partition pour nos voix et nos mouvements en chair et en os sur scène, convoquant certains codes du doublage et du karaoké.